jeudi 15 octobre 2015

Voir le bonheur

"On ne voyait que le bonheur", de Grégoire Delacourt, auteur dont j'ai déjà beaucoup beaucoup aimé "la liste des mes envies" et "la première chose que l'on regarde" (déjà 2 articles dans ce blog !)

J'apprends que Mr Delacourt est publicitaire... voilà le secret de mon coup de coeur pour ses livres ! Fils de pub, comme je le suis (modestement) : son oeil et sa plume me parlent, me tordent les tripes ! Nous partageons le même prisme pour regarder notre société, pour décortiquer les petits travers, pour magnifier le quotidien, pour imaginer un monde de rêve.. en effet, chacun de ses livres m'a transporté: avec humour dans la rencontre improbable avec Scarlett, avec un cynisme bienveillant pour la gagnante du loto qui risque surtout de perdre son mari, avec une petite fille toute abimée par l'amour blessant de son père...

Ce dernier livre, prix des lycéens 2014, est le plus personnel semble-t-il, et son titre évoque les drames conjugaux, ceux qui ne se voient pas sur les photos. Quand le couple vacille, que les enfants sont oubliés, que les pères perdent femme et pied.. tout amène à la folie destructrice.
Mais c'est aussi une histoire de pardon et de reconstruction car finalement on ne sait qui est le plus blessé, mais il y a peu d'amour dans ce livre, ou surtout il y a un grand manque d'amour !

L'émotion m'a tenue jusqu'au bout, encore un livre qu'il est difficile de fermer... et qui m'a beaucoup donné à réfléchir aussi.



lundi 12 octobre 2015

Much Loved

Ce film a été présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes en mai 2015 et a reçu un accueil chaleureux du public, malgré son interdiction au Maroc, que peine à comprendre le réalisateur qui voit là nié son travail de documentation et d'artiste, mais est heureux de l'ouverture d'un débat qui peut peut-être faire changer les choses...

On y suit l'histoire de 3 prostituées marocaines, à Marrakech, dans leur appartement/refuge où elles semblent pouvoir oublier un temps la noirceur de leur métier, jusqu'aux soirées de "débauche" où elles jouent le rôle avili et soumis qu'on attend d'elles contre beaucoup d'argent...
Le rythme est rapide, les dialogues en arabe toujours forts et gutturaux, les couleurs et les cadrages sont vifs.. pour montrer cette violence de la prostitution et des hommes (vulgarité, brutalité, bestialité, viol, corruption...)

De l'autre côté du miroir, on découvre des femmes avec leur douleur de mère ou de fille, leurs peurs et leurs devoirs mais également beaucoup de tendresse dans leur pyjama nounours, blotties devant la télé, riant aussi avec complicité ; consentantes mais pas inconscientes, elles restent solidaires et protègent comme elles le peuvent un jeune garçon victime aussi de cette violence, ainsi qu'une autre femme en fuite...

Il y a mille messages dans ce beau film, et beaucoup d'émotions à regarder vivre ces femmes qui n'ont que peu de choix pour s'en sortir dans un pays tellement éloigné de notre culture ; beaucoup de questions sur cette prostitution qui n'existe pas que à Marrakech...

A lire l'interview du réalisateur : Nabil Ayouch :
http://www.courrierinternational.com/article/maroc-much-loved-le-film-polemique-raconte-par-son-equipe




jeudi 8 octobre 2015

Les Hirondelles de Kaboul

Yasmina Khadra a écrit ce livre en 2002 (dans la même série que l'Attentat, et les Sirènes de Bagdad). Cet auteur (de son vrai nom algérien Mohammed M.) donne une vision sombre de l'Afghanistan sous le régime des Talibans, et même si c'est un roman, on ne peut s'empêcher d'y projeter nos questionnements d'aujourd'hui.
Bien entendu les hirondelles, ce sont ces femmes totalement cachées sous leur "grillages". 

A travers deux couples qui vont se croiser, c'est la mort et l'oppression du peuple qui dominent tout le récit. L'une des femmes n'ose plus sortir de chez elle, sous son tchadri pour arpenter une ville en guerre contre la liberté. 
"...cet accoutrement funeste qui me chosifie en effaçant mon visage et en confisquant mon identité. (...) Avec ce voile maudit, je ne suis ni un être humain, ni une bête, juste un affront ou une opprobre que l'on doit cacher telle une infirmité."

Un des hommes ne peut plus vivre dans cette injustice et cette violence dont il est témoin malgré lui.. Difficile de résumer un tel livre, je vous conseille donc de le lire ! 
L'histoire est brève, sur quelques jours, mais elle décrit avec force et une écriture magnifique la souffrance et le combat impossible de ce peuple. 

Sur l'Afghnanistan aussi, il faut bien sûr avoir lu également les deux premiers livres de Khaled Hosseini, qui sont très proches de l'esprit de Yasmina Khadra : Les Cerfs Volants de Kaboul, et Mille soleils splendides, pour moi incontournables et inégalables.